jeudi 8 juin 2017

“Ce qui rendra à jamais célèbres les Égyptiens, ce sont les prodigieux chefs-d'oeuvre de leur architecture, à savoir les Pyramides” (Paul Gagnol - XXe s.)

Au temps jadis, qu’enseignait-on aux jeunes des écoles sur l’Égypte, sa culture, ses célèbres monuments ?
Ce blog a relayé plusieurs fois le contenu de manuels scolaires des siècles passés, présentant, généralement de manière très succincte, les pyramides de Guizeh. En voici un autre exemple, avec des extraits du Cours d'histoire, rédigé conformément aux programmes de 1902, publié par l'abbé Paul Gagnol (1850-1928). Une fois encore, place à la concision ! On notera toutefois quelques allusions à la “perfection déconcertante” des travaux d’aménagement intérieur des monuments, ainsi qu’à leur résistance aux secousses sismiques.
Est-il besoin en effet de rappeler que l’Égypte a connu d’importants tremblements de terre - plus d’une dizaine depuis l’an 857, dont celui de 1754 (40.000 morts) - et que les pyramides ont admirablement résisté, “aucune fissure” ne s’étant produite...
Photo de Zangaki
Les Égyptiens connurent, et très bien, les arts industriels. Leur industrie portait non seulement sur les articles communs nécessaires à la vie, mais encore sur les articles de luxe, articles d'ébénisterie, d'orfèvrerie, de teinture riche, porcelaines, verres, émaux ; elle a laissé des oeuvres d'une perfection incroyable, comme on peut le voir au Musée de Gizeh, près du Caire, ou au Musée du Louvre ; mais ce qui rendra à jamais célèbres les Égyptiens, ce sont les prodigieux chefs-d'oeuvre de leur architecture, à savoir les Pyramides, dans la basse Égypte ; les temples ou palais et les tombeaux des rois, dans la haute Égypte.
Les pyramides les plus connues sont les trois grandes Pyramides construites à une faible distance de Memphis, sur le plateau aride de Gizeh, par les rois Khéops, Khéphren et Mykérinus. De tout temps, leurs dimensions colossales ont frappé d'étonnement l'étranger, les deux premières du moins, celles de Khéops et de Khéphren, s'élevant, l'une autrefois à cent quarante-cinq mètres, maintenant à cent trente-trois ; l'autre à cent trente-trois mètres, maintenant à cent trente et un.
Les grandes Pyramides ne sont pas seulement des constructions gigantesques : on doit encore voir en elles de véritables oeuvres d'art. L'effet est dans la grandeur et la simplicité des formes, dans le contraste et la disproportion entre la stature de l'homme et l'immensité de l'ouvrage qui est sorti de sa main : l'oeil ne peut le saisir, la pensée même a de la peine à l'embrasser...
Les travaux de l'intérieur révèlent une perfection déconcertante. Couloirs, galeries, chambres funéraires, qui devaient à jamais rester ensevelis dans les ténèbres après avoir reçu la momie du Pharaon, sont d'une exquise exécution. Le mortier ne paraît nulle part ; les blocs sont si bien ajustés que la suture échappe à l'oeil et qu'on ne pourrait, disent les indigènes, y loger un cheveu. Le tout a été équilibré avec une science si achevée que, malgré un tremblement de terre qui a secoué le plateau de Gizeh, aucune pierre ne s'est affaissée sous les millions de kilogrammes qu'elle supporte, aucune fissure ne s'est produite.